Pour le secrétaire général de la CGT, le chef de l’État cherche à « stigmatiser des pseudo-privilégiés » sur la réforme des retraites.
Pour Philippe Martinez, le président de la République recourt à une pratique d’« ancien monde ». Le secrétaire général de la CGT a accusé dimanche Emmanuel Macron de vouloir « diviser les Français » sur la réforme des retraites, tandis que son homologue de la CFDT Laurent Berger a estimé que le gouvernement se devait d’« apaiser » avant le 5 décembre. Interrogé lors du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, le dirigeant cégétiste a indiqué qu’il se rendrait mardi à Matignon, où syndicats et patronat sont reçus à partir de lundi, et a demandé qu’on arrête « cette petite musique » selon laquelle sa centrale refuserait le dialogue. Il a prédit que la mobilisation contre un système universel de retraites à points serait « très massive » et qu’elle irait « bien au-delà des régimes spéciaux ».
L’exécutif a durci le ton au sujet de la grève du 5 décembre, qui selon Emmanuel Macron mobilise « avant tout » les salariés bénéficiant de régimes spéciaux « d’une autre époque ». « Le président de la République, qui devrait être le président de tous les Français, essaye de diviser les Français », a fustigé Philippe Martinez, dénonçant une pratique d’« ancien monde » qui vise à « stigmatiser des pseudo-privilégiés ». Or selon lui la réforme des retraites va « toucher tout le monde », avec « un accroissement des inégalités, de la pauvreté ». Il a espéré que les salariés se mobiliseront « jusqu’à ce qu’on retire ce mauvais projet » et précisé que « plus d’une centaine de manifestations » auront lieu en France le 5 décembre, dont une à Paris.
« Il faut que le gouvernement apaise »
À rebours, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a redit son soutien au principe d’un système universel qui « peut être bon pour tout un tas de gens ». Mais « on ne peut pas changer les règles du jeu en cours de match », a-t-il souligné sur France Inter, appelant à « travailler à la transition » entre les régimes actuels et le futur système.
« Je préférerais que les choses soient claires d’ici le 5 (décembre), notamment concernant un certain nombre de régimes particuliers qui s’inquiètent. Il faut que le gouvernement apaise, il a une part de responsabilité », a estimé le responsable du premier syndicat français. Et Laurent Berger d’alerter sur un « niveau de violence et de ressentiment » dans la société « bien supérieur à ce qu’il était en 1995 », lors de la longue grève contre le « plan Juppé ».
Laurent Berger a redit qu’il s’opposerait à ce qu’une « mesure paramétrique » (durée de cotisation, âge de départ…) soit prise rapidement pour rééquilibrer les régimes de retraite, car « on accentuerait les inégalités ». « S’il y a en décembre ou début janvier un projet de loi qui est déposé avec une mesure paramétrique, la CFDT appellera les salariés à se mobiliser, c’est clair ? », a prévenu le numéro un de la CFDT.