
Selon nos informations, une partie des élus de la majorité à l’Assemblée ne participent plus à la vie collective de leur groupe. Un phénomène difficile à quantifier, mais qui préoccupe les Marcheurs.
C’est une petite musique qui circule, en coulisses. Surprenant, difficile à corroborer avec une certitude arithmétique, mais avancé comme un fait prouvé par plusieurs et divers interlocuteurs, qu’ils soient ministres, conseillers gouvernementaux, députés ou collaborateurs parlementaires: au sein du groupe La République en Marche au Assemblé et (LREM), députés , comme une cohorte de fantômes, que personne ne peut vraiment identifier, fuient les réunions les plus politiques de la majorité.
Un cadre, qui connaît aussi le groupe, confirme: «Il y a une base de 80 députés qui font des choses, une centaine qui suivent et une centaine qui sont perdus. »Près d’un tiers que les dirigeants majoritaires ont du mal à distinguer! «Cent, c’est excessif», corrige un député LREM. Je dirais plus que nous avons entre 10 et 15% de députés que nous ne voyons plus. C’est vrai. Je ne peux même pas les identifier parce que je ne les connais pas. À un moment donné, il y a des gens qui émergent et d’autres qui ne le font pas. “
Leur profil est souvent le même: ils votent sur les textes, assurent la présence en commission, mais désertent la vie collective de la majorité. Première victime de cette désaffection, la traditionnelle réunion du groupe LREM. Selon nos informations, cette réunion hebdomadaire a donc été déplacée dans la salle Colbert – moins spacieuse que la grande salle du sous-sol de la rue de l’Université, annexe de l’Assemblée – et elle a, de son côté, interdit l’accès aux employés. Trop de députés avaient l’habitude d’être remplacés par leurs attachés parlementaires…
“Si c’est pour discuter pendant deux heures …”
“Les nouvelles règles de l’Assemblée, avec une seule période de questions au gouvernement mardi, ont également beaucoup changé, justifie un pilier du parti. Certains députés n’arrivent qu’en début d’après-midi, sans venir aux réunions de groupe le matin, puis partir le lendemain dans leurs circonscriptions. “
Élue du Finistère, à l’origine agricultrice, Sandrine Lefeur assume de faire selon sa “disponibilité”. “Si nous parlons d’agriculture ou de sujets importants comme les pensions, je prends évidemment le temps d’y aller”, dit-elle. Mais si c’est pour bavarder pendant deux heures, ça ne m’intéresse pas et je préfère programmer d’autres choses importantes, des rendez-vous téléphoniques. Je ne dis pas que je ne m’intéresse pas à la vie du groupe, mais c’est juste qu’il faut prioriser. “
C’est là que le pack semble faire mal. “Si vous n’avez pas d’impact politique, vous arrêtez d’y aller”, glisse un député du LREM à propos des réunions internes au groupe, tandis qu’un autre soupire: “A partir du moment où l’on dit qu’on ne se fait jamais entendre …” A ce jeu d’influences là, seul le les plus politiques, nourries du bon grain de militantisme dans les appareils PS ou UMP, s’accrochent comme Aurore Bergé, Olivia Grégoire, Sacha Houlié ou Aurélien Taché, très actives dans les médias, mais aussi dans la vie parlementaire.
“Il y a une grande frustration à gérer”
Pour les novices, en revanche, l’adaptation est plus rude. «Certains ont réalisé qu’il est difficile d’être député. Cela prend beaucoup de temps, vous vous trouvez critiqué pour ce que vous faites, pour ce que vous êtes, qu’il n’y a aucun pouvoir inhérent au bureau comme un maire peut l’avoir. Soudain, le sentiment peut être: Je n’ai aucun pouvoir, alors ça me fait chier. Il y a une grande frustration à gérer “, témoigne un Walker des rangs du PS.
D’où, pour certains, un retrait stratégique dans leur circonscription. “Beaucoup n’avaient pas de missions parlementaires, surtout lorsque Richard Ferrand dirigeait le groupe, et ont progressivement agi d’une certaine inutilité, car venir à Paris juste pour lever la main n’est pas très motivant. D’autres ont rapidement préféré le local, parfois avec des objectifs municipaux en tête, »Analyse un collaborateur parlementaire.
Dans l’entourage de Gilles Le Gendre, l’actuel patron du groupe En Marche, nous minimisons ce phénomène. «Nous parlons de ces députés décrocheurs depuis des mois. Mais une centaine me semble beaucoup, même cinquante. Je me demande parfois s’il ne s’agit pas d’une forme de fantaisie », explique un collaborateur qui admet néanmoins« des degrés d’implication variables selon les missions des uns et des autres », mais qui compte quand même 150 participants« en moyenne »lors des réunions de groupe… sur un total de 303.