La députée LREM Laetitia Avia : « Apportez-moi une violence constatée et je serais la première à la condamner »

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Dans le cadre d’un entretien, le président de Mediapart Edwy Plenel a interrogé la porte-parole de LREM et députée de Paris Laetitia Avia sur la brutalité policière face aux mouvements sociaux de ces douze derniers mois.

C’était la doctrine d’Emmanuel Macron dès le 8 mars 2019 : refuser de parler de « violences policières » et de « répression » dans le cadre des blessures subies par les participants aux manifestations des « gilets jaunes ». A un étudiant qui l’interrogeait à ce sujet lors d’une étape du « grand débat », le chef de l’Etat avait sèchement répondu :

« Ne parlez pas de “répression” ou de “violences policières”, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit. »

Même interdit langagier pour le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, le 19 mars sur France-Inter : « Arrêtons de parler des violences policières ! »

« Il n’y a pas eu de violences irréparables », a répété Emmanuel Macron cet été.

Des éléments de langages largement répercutés dans la majorité, dont la ligne pourrait se résumer ainsi : « Les violences policières n’existent pas. »

Une pudeur sémantique, et toute calculée, qui a permis à l’exécutif de marquer des points au sein des forces de l’ordre, comme l’expliquait une source policière au « Monde » en avril :

« Il y a une bataille des mots parce que ceux d’en face, en parlant de “violences policières”, veulent dire que notre emploi de la force est illégitime, alors qu’au contraire c’est nous qui avons le monopole de cette force légitime. »

Une façon aussi pour les autorités de se dédouaner, en rejetant la « faute » sur les individus, policiers ou gendarmes, expliquaient également nos confrères du « Monde ».


« Apportez-moi une violence constatée »

Une ligne appliquée à la lettre ce mercredi 4 décembre par la porte-parole de LREM et députée de Paris Laetitia Avia, qui a à son tour refusé de parler de « violences policières » face au président et cofondateur de Mediapart Edwy Plenel, comme le relève le journaliste Nils Wilcke sur Twitter.

Plus loin, la porte-parole continue :




« Je suis une avocate. En tant qu’avocate, il n’y a personne, je crois, qui est plus attaché à l’Etat de droit qu’une avocate, O.K. ? déclare Laetitia Avia dans un extrait du live de Mediapart face à Plénel. Donc, il n’y a, aujourd’hui… Si demain j’ai une violence policière constatée, jugée comme telle, je serai la première… »

« Vous en avez des dizaines sous les yeux depuis un an », l’interrompt Edwy Plénel.

« Je serai la première à la condamner. Mais apportez-moi une condamnation, un état constaté de violences policières et je serai la première à la condamner », poursuit Laetitia Avia.

« La commissaire des Droits de l’homme aux Nations unies l’a dit… », tente de nouveau Plénel.

«… qui n’est, je crois, pas une juridiction », conclut Avia.

Selon le décompte du journaliste David Dufresne, 316 personnes ont été blessées à la tête depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », 25 ont été éborgnées, 5 ont eu la main arrachée, 131 ont été blessées aux membres inférieurs, 2 personnes sont décédées.

« C’est le mouvement social le plus réprimé, et ce, depuis le début », selon la journaliste de « l’Obs » Cécile Amar, interrogée dans le documentaire « Gilets jaunes, une répression d’Etat ».

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