Jean-Paul Delevoye déclare finalement 13 mandats dans une nouvelle déclaration à la Haute autorité

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Selon Le Monde, le haut-commissaire aux retraites a omis de déclarer dix mandats dans sa première déclaration à la Haute autorité. Jean-Paul Delevoye était déjà fragilisé par les accusations de conflit d’intérêts avec le monde des assurances et un cumul de fonctions interdit par la Constitution.

Le « Monsieur Retraite » du gouvernement plus que jamais fragilisé. Jean-Paul Delevoye, accusé de conflit d’intérêts pour ne pas avoir déclaré deux mandats à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), fait face ce samedi à de nouvelles révélations. Selon Le Monde, qui a pu consulter la nouvelle déclaration transmise à la Haute Autorité vendredi soir, dix autres fonctions auraient été omises par le haut-commissaire aux retraites.

D’après le quotidien du soir, Jean-Paul Delevoye est en effet le président de l’Observatoire régional de la commande publique des Hauts-de-France. Il s’agit d’une « structure rattachée à la région et à la préfecture qui vise, notamment, à améliorer la visibilité et la transparence des marchés publics dans la région. » En outre, il est membre du conseil d’orientation de l’Institut de recherche et débat sur la gouvernance (IRG), un think tank rattaché à la Fondation Charles-Léopold-Mayer pour le progrès de l’homme.

Les fonctions du « Monsieur retraites » du gouvernement ne s’arrête pas là. Présence au conseil d’administration de deux associations de « Civic tech », présence au conseil d’administration de Parlements & Citoyens, administrateur et membre du comité exécutif de la Fondation La Source, ou encore présidence de deux associations : l’Association des orchestres nationaux de France et Chartreuse de Neuville, active en matière de formation et d’insertion sociale, « Monsieur Retraite » est partout. « Sur le total de treize mandats déclarés, onze sont bénévoles et n’avaient pour la plupart pas été dévoilées jusqu’ici », précise Le Monde.

« Une erreur » et « une omission par oubli »





Interrogé par le quotidien, le principal intéressé fait son mea culpa : « Je n’en veux à personne sauf à moi. Quand je fais une erreur, je l’assume. J’ai suffisamment dit que personne n’était au-dessus des lois pour ne m’appliquer ce principe à moi-même. Cela dit, j’étais de bonne foi et me dis que cet épisode aurait peut-être pu être évité si quelqu’un m’avait mis en garde. J’aurais immédiatement rectifié ma situation. » Autre élément relevé par Le Monde : dans sa nouvelle déclaration, Jean-Paul Delevoye revoit à la hausse ses revenus. « L’ensemble des rémunérations perçues par M. Delevoye en 2018 excède les 12 000 euros de revenus mensuels cumulés », précise Le Monde, ajoutant qu’une partie de ces revenus a été perçue en parallèle de son activité au gouvernement durant trois mois. Et ce, alors que la loi l’interdit.

Ces révélations tombent mal pour l’ancien ministre, déjà épinglé à deux reprises durant la semaine. Lundi, il avait été critiqué pour ne pas avoir mentionné dans sa déclaration d’intérêts – justifiée par son entrée au gouvernement en septembre – auprès de la HATVP sa fonction, depuis 2016, d’administrateur bénévole d’un institut de formation de l’assurance (Ifpass), un secteur qui convoite l’épargne retraite des Français. Plaidant « une erreur » et « une omission par oubli », le haut-commissaire avait démissionné de ce poste le jour-même pour « clore toute polémique » sur d’éventuels conflits d’intérêts.

Le haut-commissaire doit également affronter une autre polémique liée à une autre fonction, qu’il avait bien déclarée : la présidence, depuis 2017, de Parallaxe. Cet institut de réflexion sur l’éducation, dépendant du groupe de formation IGS, a rémunéré Jean-Paul Delevoye pour un montant de 5.368,38 euros net mensuels en 2018 et 2019. Il a ainsi perçu plus de 16.000 euros ces trois derniers mois, alors que la Constitution interdit « toute activité professionnelle » aux membres du gouvernement.

Vendredi, le site d’informations Capital a mis au jour un nouvel oubli : Jean-Paul Delevoye siège bénévolement depuis 2016 au conseil d’administration de la Fondation SNCF, dont « l’action caritative est très éloignée des questions de retraites ou de régime spécial des cheminots », fait-on valoir à la SNCF.

Malgré ces révélations, Jean-Paul Delevoye conserve la confiance du gouvernement. « Je pense que la bonne foi de Jean-Paul Delevoye est totale, a fait savoir ce samedi au Parisien Edouard Philippe. Il s’en est expliqué. Quand il a eu la certitude que quelque chose dans sa déclaration n’allait pas, il a à la fois démissionné des mandats pour lesquels il n’était pas rémunéré, et s’est engagé à rembourser immédiatement les sommes en question. » Selon Le Monde, la HATVP devrait néanmoins se prononcer mercredi 18 décembre sur la transmission à la justice du dossier du haut-commissaire aux retraites. Le procureur de Paris a, lui, d’ores et déjà demandé des précisions sur le défaut de déclaration d’activité de Jean-Paul Delevoye.

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