“Brillant”, “positif”, “requinqué”, “séduisant”… Jeudi soir, les éditorialistse de BFMTV n’en finissent pas de me rassurer sur l’état de santé d’Emmanuel, qui s’est dit “scarifié” lors d’un “débat” avec des journalistes à l’Elysée. Il faut dire que parmi ces privilégiés se trouvait un éditorialiste maison, Bruno Jeudy, réputé pour son franc-parler.
« C’était une réunion inédite aujourd’hui, annonce Thomas Misrachi. Emmanuel Macron a donné rendez-vous à des journalistes à l’Elysée. » Une réunion ? « Une sorte de petit débat dans les murs du palais. » L’heure est au débat. C’est l’heure de gloire, aussi, de BFMTV. Un de ses éditorialistes attitrés (en même que de Paris Match et de C dans l’air) a connu l’insigne honneur d’être convoqué — pardon, reçu — par le président. « Bruno Jeudy qui faisait partie de ce petit groupe de journalistes à avoir été reçu à l’Elysée, pavoise Alain Marshall. Emmanuel Macron qui se dit scarifié après vingt mois de présidence. » Scarifié ? Mon Dieu ! Notre président s’est mutilé, il est blessé !
« Ses confidences, on en parle avec nos éditorialistes politiques », propose Thomas Misrachi. Preuve que l’heure est grave, quatre éditorialistes maison sont convoqués pour débattre des scarifications du président : Camille Langlade, Eric Brunet, Laurent Neumann et le héros de la réunion inédite, Bruno Jeudy. « Juste avant, Guillaume Tabard est avec nous. Editorialiste au Figaro, il était présent à cette réunion. » Interroger un éditorialiste étranger à BFMTV, c’est faire preuve d’un louable souci de pluralisme. L’éditorialiste salue chez Emmanuel Macron « d’abord sa volonté de convaincre puisque Bruno peut en témoigner, nous sommes restés deux heures et demi avec le président ». Deux heures et demi de son précieux temps, quel privilège… Et alors, il vous a montré ses scarifications ?
« Est-ce que vous avez été convaincu ? », demande Thomas Misrachi. « L’essentiel n’est pas d’être convaincu, nous, nous sommes là pour entendre cette parole présidentielle et l’expliquer à notre tour. » Guillaume Tarbard s’y emploie à merveille. « Ce qui m’a frappé dans son style, c’est que je n’ai pas senti un président abattu. » Ouf, ça me rassure. Parce que ça peut vite s’infecter, une scarification mal cicatrisée. « Il nous a parlé des séquences assez dures pour lui, le spectacle de l’Arc de Triomphe le 1er décembre. » Gravement blessé par un graffiti, rappelons-le. « Vous l’avez rappelé, il a le sentiment d’avoir été scarisé par ces vingt mois de présidence. » Scarisé ? « Mais j’ai trouvé la même volonté de convaincre qu’avant cette crise. » Bref, malgré ses scarisations, il respire la « combativité », comme le rapportait Nathalie Saint-Cricq dimanche dernier sur France 2 après avoir, coïncidence, recueilli ses propres confidences présidentielles dans l’avion vers Le Caire.
« C’était une réunion inédite aujourd’hui, annonce Thomas Misrachi. Emmanuel Macron a donné rendez-vous à des journalistes à l’Elysée. » Une réunion ? « Une sorte de petit débat dans les murs du palais. » L’heure est au débat. C’est l’heure de gloire, aussi, de BFMTV. Un de ses éditorialistes attitrés (en même que de Paris Match et de C dans l’air) a connu l’insigne honneur d’être convoqué — pardon, reçu — par le président. « Bruno Jeudy qui faisait partie de ce petit groupe de journalistes à avoir été reçu à l’Elysée, pavoise Alain Marshall. Emmanuel Macron qui se dit scarifié après vingt mois de présidence. » Scarifié ? Mon Dieu ! Notre président s’est mutilé, il est blessé !
« Ses confidences, on en parle avec nos éditorialistes politiques », propose Thomas Misrachi. Preuve que l’heure est grave, quatre éditorialistes maison sont convoqués pour débattre des scarifications du président : Camille Langlade, Eric Brunet, Laurent Neumann et le héros de la réunion inédite, Bruno Jeudy. « Juste avant, Guillaume Tabard est avec nous. Editorialiste au Figaro, il était présent à cette réunion. » Interroger un éditorialiste étranger à BFMTV, c’est faire preuve d’un louable souci de pluralisme. L’éditorialiste salue chez Emmanuel Macron « d’abord sa volonté de convaincre puisque Bruno peut en témoigner, nous sommes restés deux heures et demi avec le président ». Deux heures et demi de son précieux temps, quel privilège… Et alors, il vous a montré ses scarifications ?
« Est-ce que vous avez été convaincu ? », demande Thomas Misrachi. « L’essentiel n’est pas d’être convaincu, nous, nous sommes là pour entendre cette parole présidentielle et l’expliquer à notre tour. » Guillaume Tarbard s’y emploie à merveille. « Ce qui m’a frappé dans son style, c’est que je n’ai pas senti un président abattu. » Ouf, ça me rassure. Parce que ça peut vite s’infecter, une scarification mal cicatrisée. « Il nous a parlé des séquences assez dures pour lui, le spectacle de l’Arc de Triomphe le 1er décembre. » Gravement blessé par un graffiti, rappelons-le. « Vous l’avez rappelé, il a le sentiment d’avoir été scarisé par ces vingt mois de présidence. » Scarisé ? « Mais j’ai trouvé la même volonté de convaincre qu’avant cette crise. » Bref, malgré ses scarisations, il respire la « combativité », comme le rapportait Nathalie Saint-Cricq dimanche dernier sur France 2 après avoir, coïncidence, recueilli ses propres confidences présidentielles dans l’avion vers Le Caire.
« Bruno Jeudy, vous étiez de la partie à l’Elysée. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ? » La vision des bras lacérés du président ? « D’abord, c’est le président que je n’avais pas vu depuis un certain temps… » Ça devait lui manquer. « … Comme beaucoup de journalistes, puisqu’il avait pris l’habitude de ne pas les recevoir. » « C’est inédit », réagit Thomas Misrachi. Pour Bruno Jeudy, « ça dit quelque chose de l’acte 2 ». L’acte 2 ? Ça y est, Emmanuel Macron se met au théâtre, comme les Gilets jaunes. « A mon avis, poursuit l’éditorialiste, il y a quelque chose qui change dans son mode de fonctionnement, c’est une sorte de remaniement de lui-même. » « Il s’auto-remanie », résume Thomas Misrachi. C’est pratique, ça ne nécessite aucune loi de modification budgétaire. Et puis il sait très bien le faire. Début novembre dernier, il s’était déjà auto-remanié lors d’une interview à TF1 sur le porte-avion Charles de Gaulle, comme en témoigne cet extrait de mon post d’alors :
« Au niveau des petites phrases, il accepte de dire : “Je vais devoir faire beaucoup plus attention, c’est vrai, je suis président, je peux pas m’exprimer comme ça.” » C’est pourtant ce qu’il fait peu après, déplorant que « Jojo avec un gilet jaune [ait] le même statut qu’un ministre ou un député » sur les plateaux des chaînes info. Mais Bruno Jeudy ne semble pas s’en souvenir. « Je l’ai trouvé requinqué. » Ça fait plaisir. « Mais comme quelqu’un qui a frôlé l’accident très grave en décembre et qui se sent un peu survivant, ayant finalement passé ce mois de janvier. » Avec juste quelques séquelles sur les bras. « … Soulagé par le début de ce Grand débat, il y a du monde, il remonte un peu dans les sondages. On le sent remonté sur son cheval. » Déjà ? Dans son état, je ne sais pas si c’est bien prudent.
« Il positive même l’affaire des Gilets jaunes, poursuit Bruno Jeudy. Il dit : “Il faut affronter cette crise de la France qui ne vit pas bien de son travail, qui a perdu le contrôle avec les élites, qui a perdu le contrôle même avec…” Il parle d’identité nationale, de frontières. » Ah oui, l’immigration. Une valeur sûre, on y revient toujours. « Il pense qu’on est parti pour un débat permanent, pas un débat de trois mois, mais un débat permanent. » Une sorte de BFMTV géant, alors.
« Juste, la coulisse, s’enquiert Thomas Misrachi. Comment ça s’est passé, vous avez reçu un texto ? » « Hier soir, ici même. Je rentrais sur le plateau de Nathalie Levy : “Etes-vous disponible pour une discussion informelle avec le président à 11 heures”. » Il n’en a rien dit à l’antenne, le petit cachottier. « C’était assez habituel dans les mandats précédents. Ça n’a rien d’extraordinaire. » On avait l’habitude d’être convoqué et de rappliquer sans tarder. « Mais là, ça prend une tournure particulière. » L’honneur est encore plus grand. « C’est un élément de changement de ce président. » Désormais, il parle à Bruno Jeudy. « Même s’il faut rester modeste. » Evidemment. « Les journalistes sont loin d’être les plus importants, les plus importants, ce sont les Français et les Gilets jaunes auxquels il doit d’abord s’adresser. » Par la voix de Bruno Jeudy, qui s’y emploie à merveille.
Eric Brunet est estomaqué. « Je crois que c’est rarissime ce qui s’est passé. » « Ah ben, c’est inédit, répète Thomas Misrachi. Guillaume Tabard disait : “Je n’ai pas à être convaincu”, mais c’est aussi quand même un peu le but de la manœuvre, d’essayer de convaincre les journalistes et de leur faire des passages pour que nous-mêmes nous relayions cette parole présidentielle. » A mon avis, le but de la manœuvre est atteint.
« Ce rendez-vous m’inspire deux commentaires, intervient Laurent Neumann. Je retiens le mot de Bruno, je pense qu’il est vraiment en train de se remanier lui-même. » Pour la troisième fois en trois mois. « Ça m’a fait penser à Nicolas Sarkozy qui ne cessait de dire : “Regardez, j’ai changé, j’ai changé !”… et puis on voyait pas le changement. » Il était incapable de s’auto-remanier. Au contraire d’Emmanuel Macron : « Là, il ne dit pas “j’ai changé”, il est en train de changer pour de bon. » Foi d’expert en auto-remaniement de président. « Quand il va voir les maires, c’est nouveau. Quand il rencontre les journalistes, c’est nouveau. » Pas de doute, il mène une nouvelle politique (de communication avec les élus et les éditorialistes).
Laurent Neumann poursuit : « Il a besoin de repartir dans une grande entreprise de conviction. » De pédagogie, peut-être ? « Ça passe par les maires, ça passe par les journalistes qui eux-mêmes sont des médiateurs pour parler au grand public. » Médiateur du pouvoir : Laurent Neumann possède une haute conception de son métier. « On ne cesse de répéter depuis le début du mandat… » Sur le plateau de BFMTV. « … qu’Emmanuel Macron est le meilleur pédagogue de lui-même, de sa politique. » Quand je parlais de pédagogie… « Il utilise enfin cet atout. » Enfin ? Il l’utilisait déjà début novembre :
Thomas Misrachi demande à la femme de service, Camille Langlade, de résumer « les principales informations » recueillies par Bruno Jeudy auprès de notre président. « Sur la crise des Gilets jaunes, il fait le distinguo entre les Gilets jaunes des rond-points et puis les Gilets jaunes du samedi parmi lesquels il voit 40 000 à 50 000 ultras de droite et de gauche qui ont pour but d’attaquer l’État, qui sont révolutionnaires, insurrectionnels. » Ça alors, quelle surprise. Il a repris la classification établie par Bruno Jeudy. Ce dernier, jugeant en décembre dernier qu’un invité ne parlait pas comme un « vrai Gilet jaune », l’avait accusé d’être un « faux Gilet jaune », accrochez-vous bien, « politisé » (beurk). Or, dans le verbatim publié par Le Point, Emmanuel Macron opère la même distinction à propos de Christophe Dettinger : « Le boxeur, il n’a pas les mots d’un Gitan, il n’a pas les mots d’un boxeur gitan », il ne peut qu’avoir été « briefé par un avocat d’extrême gauche ».
Camille Langlade résume : « Donc il distingue bien cette France qui souffre, à qui il faut répondre, et puis ces ultras avec qui il est en guerre. » A qui il faut répondre par l’emploi d’armes de guerre.
Thomas Misrachi interpelle le témoin de la scène. « C’est vrai qu’il s’est comparé à un Gilet jaune, Bruno Jeudy ? » « Ah oui, c’était assez marrant. » Qu’est-ce qu’on se poile avec notre président. L’éditorialiste le cite : « Si on veut que le travail paie, que le Parlement fonctionne mieux, si on veut moins de députés, alors à ce tarif-là, moi aussi je suis Gilet jaune. » Ça risque de déparer avec la nouvelle moquette de l’Elysée. Bruno Jeudy précise : « Tout ça sur un ton un peu détendu, c’était assez détendu, y avait pas de tensions. On est dans un bureau. » On ne pose pas de questions embarrassantes, on est là pour une « réunion », un « débat », un « rendez-vous ». « Donc c’était assez détendu. » J’en suis moi-même très détendu. « A plusieurs reprises, positivant le mouvement des Gilets jaunes, disant “moi aussi je peux mettre un Gilet jaune sur certaines revendications” » Par exemple, la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, l’augmentation des péages autoroutiers, la suppression de l’ISF, la limitation du droit de manifester, l’emploi de LBD à des fins de mutilation, etc.
Bruno Jeudy se félicite que sa nomenclature des Gilets jaunes ait été validée par le même président qui fait des reproches aux chaînes d’info. « Il fait vraiment la différence entre les rond-points et les manifs du samedi. Il est extrêmement dur sur les manifs du samedi. » Ses forces de l’ordre aussi. « Il dit même : “Je me demande qui conseille les Fly Rider, les Drouet et autres leaders.” Il laisse entendre qu’ils sont manipulés. » Conseillés par l’étranger, dit-il dans le « off » du Point, visant la Russie (« les structures autoritaires ») sans la nommer. Ça explique le goût des Gilets jaunes pour le complotisme.
Camille Langlade ajoute : « Il a beaucoup parlé d’ordre, cette gestion de l’ordre chaque samedi, la polémique sur les LBD… » « … Soutenant son ministre de l’Intérieur, complète Bruno Jeudy. Mais très prudent sur l’usage des LBD, il dit qu’à chaud, on ne peut pas avoir une réflexion. » On tire d’abord, on réfléchit après.
« Les paroles les plus importantes, juge Eric Brunet, c’est celles de Tabard et de Jeudy, puisqu’ils y étaient. » Ils sont donc les plus objectifs. « Sur la basse de ce qu’ils disent, il y a un truc qui est intéressant, c’est que ce président semble prendre la mesure de façon assez intelligente et brillante de cette période des Gilets jaunes. » Alors ça, ce n’est pas un scoop. Ça fait un bail que, sur BFMTV, on sait notre président intelligent et brillant en toutes circonstances… En bas de l’écran une alarme cite une de ses phrase : « Alerte info : “La réponse au commentaire permanent, c’est le débat permanent.” » Domaine dans lequel excelle BFMTV.
« L’idée de faire du débat permanent un instrument de gouvernement différent, poursuit Eric Brunet, je trouve que c’est une traduction intéressante, brillante, séduisante sur le plan intellectuel de ce que nous traversons. » Sur le plan intellectuel, je fais confiance à Eric Brunet. Qui conclut : « C’est assez osé. » « C’est assez gonflé, renchérit Bruno Jeudy. Il dit : “On ne va pas faire un Grenelle, il n’en sort jamais rien, la dissolution, c’est hors de question et changer de Premier ministre, c’est tellement facile !” » Il est beaucoup plus efficace de s’auto-remanier. « Il dit : “J’ai pris en conscience la décision de me lancer. » Dans l’auto-remaniement ? Il semble plutôt que Bruno Jeudy parle du brillant débat permanent. « Et c’est son idée, hein, il en est extrêmement content, il dit même qu’il l’a imposée face au scepticisme de tout son entourage. » Surtout face à celui de Chantal Jouanno et de la Commission nationale du débat public, dont il a bafoué tous les principes pour pouvoir en faire un outil de communication. « Il dit : “C’est quelque chose de nouveau.” » Et de réussi.
Laurent Neumann décrypte : « En gros, on est en train de vivre le 1er acte » Euh… attendez, je suis perdu, tout à l’heure, c’était le 2e acte… « Il n’est pas tombé dans le piège qui aurait consisté à recevoir des journalistes pour leur dire ce qu’il pense de tous les sujets. » Il a imposé les sujets sur lesquels il voulait dire ce qu’il pense, c’est beaucoup plus respectueux des journalistes.
« Je pensais qu’il y avait peut-être encore un volet économique et social, rapporte Bruno Jeudy, mais il considère que ce volet-là a été traité le 10 décembre. » Tout le monde est comblé : « Cette réponse-là, elle a été apportée. L’ordre, il est en train de l’apporter. » Au fait, ces centaines de LBD commandés en décembre, ils sont arrivés ? « Il reste ce qu’il appelle le “nouveau souffle”. » Celui des grenades à effet de souffle ? Non, celui de « la démocratie institutionnelle ». Ça fait envie.
« Un des reproches qui est fait à Emmanuel Macron, rappelle Thomas Misrachi, c’est d’être coupé du peuple. Est-ce que c’est le sentiment qu’il vous a donné ? » « Là-dessus, il n’est pas définitif. » Il hésite à rester coupé du peuple (des éditorialistes de droite). « Il dit qu’il n’a pas été choqué par toute la haine contre lui mais la brutalité lui a fait peur. » La brutalité des Gilets jaunes et de leurs tags. « Ce qui s’est passé à l’Arc de Triomphe… » Rappelons qu’un buste de l’Arc de Triomphe a été cruellement défiguré, comme un vulgaire crâne de manifestant victime d’un tir de LBD. « Quand il y va, il marche, souvenez-vous de ces images… » Je me souviens : des gens ont osé le siffler. Crime de lèse-majesté.
Bruno Jeudy me rassure encore. « Je l’ai pas trouvé atteint. » Les traces de scarifications n’étaient pas si impressionnantes. « C’est comme quelqu’un qui sort du coma. » Ah oui, comme le manifestant touché à la tête par un tir de LBD en fuyant les policiers, resté plusieurs jours dans le coma. « Et là, il n’est pas sorti d’affaire. » Après les scarifications, il faut craindre les stigmates. « Mais il trouve que le débat s’engage. » Sur BFMTV, il se termine… Pour recommencer toutes les heures pendant vingt minutes, avec Bruno Jeudy en tête de gondole répétant inlassablement les « confidences » que notre président auto-remanié a eu la bonté de lui accorder.
Seul l’avis de Ruth Elkrief vient rompre la monotone litanie de Bruno Jeudy. « C’est surtout la décision qui est intéressante. » La décision de recevoir des journalistes, bien sûr. Une véritable révolution qui va auto-remanier la société française. « Il reconnaît enfin que la manière dont il a exercé le pouvoir est problématique. » Comme sur TF1 début novembre, alors. « Et donc il la remet en question, et il fait une promesse : la conversion. » Alleluia ! Ils font leur café avec de l’eau bénite, chez BFMTV ?
Bruce Toussaint lui-même est touché par la grâce. « Il dit : “Ces vingt mois m’ont scarifié.” Je trouve que le terme très fort, assez original. Est-ce que cela veut dire que ce qu’il appelle l’acte II du quinquennat est incarné par ce changement de lui-même ? » A ce niveau d’exégèse, il me vient l’envie d’auto-remanier mon téléviseur en scarifiant son écran. Et de me tailler les veines pour punir mon manque de clairvoyance : en novembre dernier, je prédisais une auto-flagellation, pas des scarifications.